Quatre ans après la crise postélectorale: La riposte de Dos Santos contre le régime de Ouattara

Par Ajourd'hui - Quatre ans après la crise postélectorale: La riposte de Dos Santos contre le régime de Ouattara.

Une du quotidien "Aujourd'hui" du 22 avril 2015.

En Angola, ses compatriotes l’appellent Zedu. En Côte d’Ivoire ont sait par contre que sa rancune est tenace. Car quatre ans après le transfèrement du président Laurent Gbagbo à La Haye, le régime d’Eduardo Dos Santos et celui d’Alassane Dramane Ouattara n’ont pas encore normalisé leurs relations bilatérales parce que le président angolais n’a toujours pas digéré le transfèrement de l’ancien président à La Haye. Certes un ambassadeur vient enfin d’être nommé à Abidjan mais Luanda n’envisage toujours pas d’approfondir ses relations économiques avec le successeur de Gbagbo.
Au fur et à mesure que les soutiens d’Alassane Dramane Ouattara tombent un à un dans leur pays respectif, chassés du pouvoir par les populations, l’histoire met inexorablement le chef de l’Etat ivoirien face à face avec ses ennemis de la « première heure ». Particulièrement ceux qui ont été hostiles à son arrivée au pouvoir dans les conditions d’opacité qu’on sait, au nom d’une allégeance internationale que la réalité électorale n’expliquait pourtant pas. Parmi ces pays, il y a bien sûr l’Angola avec lequel la relation commerciale avec Abidjan n’a plus jamais été normalisée depuis la chute de Laurent Gbagbo. Ainsi que le rapporte l’hebdomadaire français La Lettre du Continent, le président angolais a mis plus de quatre ans avant de nommer un ambassadeur en Côte d’Ivoire après maintes objurgations de son homologue brazzavillois Dénis Sassou qui a, à plusieurs reprises, fait connaître les appels de pied des nouvelles autorités d’Abidjan. Mais l’Angola refuse d’aller plus loin et d’approfondir, par exemple, sa relation économique avec Abidjan parce que son président n’a toujours pas digéré le transfèrement du président Laurent Gbagbo à La Haye. Quatre longues années après la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, on aurait parié que l’eau coulerait largement sous les ponts. Que non ! José Eduardo Dos Santos, Zédu pour ses compatriotes, reste droit dans ses bottes et estiment encore que les élections présidentielles de 2010 étaient à reprendre. En attendant, Laurent Gbagbo demeurait le président de la Côte d’Ivoire. Il n’avait d’ailleurs pas lésiné sur les moyens, mettant au service de l’ex-pouvoir ivoirien sa diplomatie. De nombreuses sources qui n’avaient pas été confirmées autrefois ni par Abidjan ni par Luanda, avaient fait état d’envoi à Abidjan de contingents militaires angolais dans l’hypothèse où la guerre aurait été retenue comme option. En fait, depuis le démantèlement de l’organisation de l’UNITA à Abidjan, l’axe Abidjan-Luanda s’est considérablement renforcé et si José Eduardo Dos Santos qui voyage peu n’a fait la moindre visite d’Etat en Côte d’Ivoire, son Ambassadeur dans le pays a été des plus fervents soutiens du régime de Laurent Gbagbo. Mais le soutien de Luanda avait également été décisif après l’attaque des casernes ivoiriennes par la rébellionet la division du pays en deux. Le président angolais avait également mis sa diplomatie à la disposition d’Abidjan. Voici d’ailleurs le contenu d’une dépêche de PANA de décembre 2004. « Le ministre angolais des Relations extérieures, Joao Miranda, s'est embarqué mardi pour Pretoria (Afrique du Sud), où il aura des entretiens avec le président Thabo Mbeki, dans le cadre d'une campagne diplomatique destinée à trouver une solution à la crise ivoirienne. L'Afrique du Sud est la première étape du périple de Joao Miranda, qui le conduira ensuite dans plusieurs pays africains et aux sièges de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba et des Nations unies à New York, où il remettra un message du président angolais, José Eduardo dos Santos ayant trait à cette question. De Pretoria, le chef de la diplomatie angolaise mettra le cap sur la Tanzanie, le Nigeria, le Ghana, l'Algérie et le Gabon. La semaine dernière, il s'était rendu à Brazzaville dans le même contexte. Dans cette campagne, Joao Miranda est accompagné du vice-ministre angolais des Relations extérieures, George Chicoty, qui, à son tour, devrait se rendre ensuite dans quelques pays d'Afrique de l'Ouest. Selon M. Miranda, le président dos Santos a pris l'initiative de participer activement à la résolution du conflit prévalant en Côte d'Ivoire conformément aux accords d'Accra III dont l'Angola est signataire par le biais de son Premier ministre, Fernando da Piedade dos Santos. "La contribution de l'Angola a convaincu les pays d'Afrique de l'Ouest de l'importance de sa participation aux efforts en cours pour la pacification de la Côte d'Ivoire", a déclaré M. Miranda au cours d'une conférence de presse qu'il a donnée à Luanda avant d'embarquer pour Pretoria. Par ailleurs, le président José Eduardo dos Santos estime que si cette crise ne se décante pas à temps, les efforts déployés par le président Mbeki au nom de l'Union africaine pour l'application des accords de Linas-Marcoussis ne seront pas suivis d'effet, a- t-il poursuivi. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a inscrit à l'ordre du jour la question de la Côte d'Ivoire pour sa réunion du 10 janvier à Libreville (Gabon), qui devrait analyser le rapport du président Mbeki en tant que médiateur mandaté par l'organisation panafricaine dans le conflit ivoirien ». Onze ans plus tard, le cœur de Luanda bat toujours pour Gbagbo.

Par Sévérine Blé