Ouattara champion du monde des voyages de chefs d’Etats du XXIème siècle: 19 voyages en 6 mois en 2013

Par Correspondance particulière - Ouattara, 19 voyages en 6 mois en 2013 aux frais du contribuable.

Rien que pour les six (06) premiers mois de l’année 2013, Alassane Dramane Ouattara a effectué dix-neuf (19) voyages officiels et privés hors de la Côte d’Ivoire. C’est un record qui n’a été égalé nulle part ailleurs au monde, au XXIème siècle. En effet, bien qu’il n’ait été installé au pouvoir par l’armée française que le 11 avril 2011, aucun chef d’Etat au monde n’a effectué autant de voyages en dehors de son pays que Ouattara, depuis le début du troisième millénaire.
A l’échelle de la Côte d’Ivoire, la performance d’Alassane Dramane Ouattara prend des proportions plus exponentielles encore. Depuis l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance politique le 7 août 1960, aucun chef d’Etat ivoirien n’a accumulé une telle pléthore de voyages. Des observateurs avisés de la vie politique ivoirienne estiment même qu’en un peu plus de deux ans seulement (11 avril 2011-30 juin 2013), Ouattara a effectué plus de voyages hors du pays que Félix Houphouët-Boigny en trente-trois ans. Les totaux cumulés des voyages de Ouattara dans cette période dépassent la centaine.
Sous ce rapport des voyages des chefs de l’Etat ivoirien hors de la Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié et Robert Guéï font tout simplement figure de nains à côté d’Alassane Dramane Ouattara. Quant au président Laurent Gbagbo, il est de notoriété qu’il n’était pas un adepte des parades et de la vie de château dans les pays étrangers. Le nombre de ses voyages hors de la Côte d’Ivoire ne s’élève qu’à une dizaine, à peu près, en dix ans.
Afin que nul doute ne subsiste, voici la liste des voyages effectués par Ouattara au cours du premier semestre de l’année 2013.
-7 janvier 2013 : voyage officiel à Accra.

-10 janvier 2013 : voyage privé en France.
-15 au 17 janvier2013 : voyage officiel en République fédérale d’Allemagne, en provenance de la France. Retour à Abidjan le 18 janvier.
-25 au 29 janvier 2013 : voyage officiel à Addis-Abeba, en Ethiopie.
-16 février 2013 : voyage officiel à N’Djamena, au Tchad.
-21 au 23 février 2013 : voyage officiel à Malabo, en Guinée Equatoriale.
- 8 au 9 mars 2013 : voyage officiel au Bénin.
-10 mars 2013 : voyage officiel à Conakry, en Guinée.
-26 au 28 mars 2013 : voyage officiel en Afrique du sud.
-30 mars 2013 : voyage privé en France. Au cours de ce voyage, entretien de Ouattara avec François Hollande, à l’Elysée, le 11 avril 2013.
-30 avril 2013 : voyage officiel à Monrovia, au Libéria.
-12 au 14 mai 2013 : voyage officiel à Doha, au Qatar.
-14 au 15 mai 2013 : voyage officiel à Bruxelles, en Belgique, en provenance du Qatar.
-24 mai 2013 : voyage officiel à Addis-Abeba, en Ethiopie.
-31 mai au 3 juin 2013 : voyage officiel au Japon, en provenance d’Addis-Abeba.
-4 au 6 juin 2013 : voyage officiel en France, en provenance du Japon.
-7 au 9 juin 2013 : voyage officiel au Congo Brazzaville.
-14 au 17 juin 2013 : voyage officiel à Libreville, au Gabon.
-24 au 25 juin 2013 : voyage officiel à Yaoundé, au Cameroun.
Dix-neuf (19) voyages officiels et privés, au moins, en six (6) mois aux frais du contribuable ivoirien saigné à blanc. La moyenne s’établit à 3,16 voyages par mois. Alassane Dramane Ouattara consacre donc près de trois semaines et demie sur quatre par mois à ses voyages. Le total des jours passés dans les pays étrangers en six (6) mois s’élève à soixante-neuf (69), au moins, sans compter les heures passées dans les airs ou entre deux avions.
La perspicacité du lecteur n’a certainement pas manqué de noter que dans cette liste, un voyage peut en cacher un autre, exactement comme les poupées gigognes. Par exemple, Alassane Dramane Ouattara effectue un voyage officiel à Addis-Abeba, le 24 mai 2013. D’Ethiopie il s’envole le 31 mai pour le Japon d’où il atterrit à Paris le 4 juin. En quelques jours, le chef de l’Etat ivoirien a parcouru trois continents. Le voyage à Addis-Abeba en cache donc malicieusement deux autres.
Ouattara est un champion du monde incontestable, car pas un chef d’Etat n’approche ce record de deux mois et neuf jours de voyages en un semestre au XXIème siècle. Même les dérisoires festivités mondaines ou les foires de logorrhée comme le « New York Forum Africa » organisé du 14 au 17 juin à Libreville par Richard Attias, le mari de Cécilia Sarkozy, l’ex-épouse de Nicolas Sarkozy, ont exercé un attrait irrépressible sur le chef de l’Etat ivoirien.
La récurrence vertigineuse des voyages d’Alassane Dramane Ouattara lui vaut le surnom de Magellan, du nom d’un navigateur et grand voyageur portugais du XVIème siècle. Ce surnom décerné au chef de l’Etat ivoirien par la presse satirique est si pertinent et lui colle si bien à la peau qu’il n’a eu d’autre choix que de feindre de se l’approprier, voire de le revendiquer. Non pas pour renoncer à ses excès de globe-trotter et à son train de vie dispendieux, mais pour prétendre abusivement qu’il est un Magellan dont le tour du monde enrichit le peuple ivoirien. Mais la tentative de transformation sémantique d’un surnom - Magellan - qui véhicule une représentation péjorative en son contraire est demeurée vaine.
Les clameurs enthousiastes de ses courtisans du Rassemblement des républicains (Rdr) et des médias à sa solde accompagnent systématiquement chaque voyage d’Alassane Dramane Ouattara. Et lorsque surviennent des civilités sur le perron d’un palais présidentiel ou royal, les jubilations des courtisans et le lynchage médiatique ont vite fait d’élever une poignée de main au rang de trophée exceptionnel hors de portée du commun des mortels. Ainsi, pour célébrer l’accueil de Ouattara au Qatar, Le Patriote l’anoblit presque et en fait l’égal d’un prince. « Comme un prince au pays des princes », s’enthousiasme, à la Une, le quotidien du Rdr. (Le Patriote, 13 mai 2013).
Mégalomanie et culte du m’as-tu-vu apparaissent indéniablement comme des fondements objectifs de la pléthore de voyages d’Alassane Dramane Ouattara. Ces activités de globe-trotter engendrent une gabegie sans nom pour un « pays pauvre très endetté » comme la Côte d’Ivoire. Pendant que Ouattara vole de palais en palais à coups de milliards, les conditions d’existence des ouvriers, des paysans pauvres et de l’ensemble des masses laborieuses ivoiriennes se dégradent chaque jour davantage. La terreur et la violence sanglante sont érigées en méthodes de gouvernement par le régime néofasciste pour servir l’impérialisme.
Le XXème siècle offre des exemples de dirigeants africains frappés de mégalomanie qui ont conduit des peuples dans l’abîme.
Jean Bédel Bokassa, l’autoproclamé maréchal et l’auto-couronné empereur de Centrafrique, s’imaginait qu’il entrerait dans la cour des grands en pleurant à chaudes larmes sur le cadavre de son « père » Charles de Gaulle ou en chassant l’éléphant avec Valérie Giscard d’Estaing dans la forêt tropicale. Bokassa I ou encore Salah Eddine Ahmed Bokassa a fini comme Ubu roi, sous l’œil moqueur de ses maîtres impérialistes, y compris Giscard qu’il avait pourtant couvert de diamants.
Idi Amin Dada, un autre chef d’Etat atteint de folie des grandeurs, s’est cru l’égal de la reine d’Angleterre et des têtes couronnées qui comptent dans le monde, parce qu’il s’est autoproclamé « Dernier roi d’Ecosse » et s’est fait transporter dans une chaise à porteurs par quatre Britanniques. Il est mort en Arabie Saoudite, le seul pays où il a pu trouver refuge quand il s’est enfui d’Ouganda pour échapper à la colère du peuple.
La prétentieuse grenouille de la fable du Français Jean de La Fontaine (1621-1695) « n'était pas grosse en tout comme un œuf » mais elle voulait « se faire aussi grosse que le bœuf ». Alors, « Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille Pour égaler l'animal en grosseur(…)» Mais « La chétive Pécore S'enfla si bien qu'elle creva. » (Jean de La Fontaine. La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf.)
Chacun dans son registre, Jean Bédel Bokassa et Idi Amin Dada n’étaient que des laquais sanguinaires auxquels l’impérialisme avait inculqué l’illusion d’une grandeur factice, celle des personnages de pacotilles. Bien des chefs d’Etats d’aujourd’hui mus par le narcissisme et la folie des grandeurs, - Alassane Dramane Ouattara n’est pas le moins concerné - plus commis voyageurs serviles et marionnettes que personnalités respectables, devraient méditer les verdicts implacables de l’Histoire qui se sont abattus sur Bokassa et Idi Amin Dada.
La veille de la publication de ces lignes - mardi 16 juillet 2013 - Alassane Dramane Ouattara s’est envolé le pour Abuja, au Nigéria et Lomé, au Togo. Il ne reviendra à Abidjan que le 19 juillet. Le tour du monde de Ouattara et ses cycles de voyages à tiroirs s’emballe de nouveau.

Une contribution par Deuxer Céi Angela. L’œil du juste