INVITE AFRIQUE RFI - Konan Banny: «Je suis déçu par Ouattara qui est un autocrate qui divise les ivoiriens"." Il faut libérer Gbagbo"." Seuls les imbéciles qui ne changent pas"

Par RFI INVITE AFRIQUE - Konan Banny «Je suis déçu par Ouattara"." Il faut libérer Gbagbo". " La Côte d'Ivoire n'est pas une proprieté privée".

Charles Konan Banny, président de la Coalition nationale pour le changement.

Notre invité est Charles Konan Banny, ancien Premier ministre, président (depuis mercredi dernier) de la CNC, la Coalition nationale pour le changement, une coalition née au mois de mai pour barrer la route au président Ouattara. Un scrutin présidentiel se tient en Côte d'Ivoire dans trois mois. Cette coalition regroupe notamment des frondeurs du FPI et des contestataires du PDCI. Charles Konan Banny s'est déclaré candidat mais il n'est pas le seul au sein de sa coalition.

Pourquoi ne soutient-il plus Alassane Ouattara comme il l'avait fait en 2010 ? Une candidature unique de l'opposition est-elle envisageable ? Sur ses chances de réussite, mais aussi sur Laurent Gbagbo, il s'exprime, au micro de Marie-Pierre Olphand.

RFI : vous êtes candidat à la prochaine présidentielle contre Alassane Ouattara, après l’avoir soutenu en 2010. Est-ce que ça veut dire que vous regrettez votre choix de l’époque ?
Charles Konan Banny : Non, pas du tout. Je ne regrette pas mon choix de l’époque, mais on dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas. Comme je n’en suis pas un… Bref, j’ai fait le bilan de notre cheminement et puis je me suis rendu compte qu’il y a des valeurs sur lesquelles nous n’étions plus d’accord. Et comme c’est important pour moi, j’ai préféré prendre du recul.

Cela veut dire que vous avez été déçu ?

On peut dire ça comme cela. Je suis amoureux de la liberté, je suis amoureux de la démocratie, je n’aime pas l’autocratie, je n’aime pas tout ce qui divise. Je suis un amoureux de remettre les Ivoiriens ensemble. Et je comptais avec le président partager réellement ces valeurs-là. Je me suis rendu compte que non. J’ai été chaque fois houspillé, on m’a mis les bâtons dans les roues. Je n’ai pas senti le président véritablement engagé dans cette mission d’intérêt national.

Mais ce n’est pas un peu ingrat, de lui tourner le dos aujourd’hui ?

Qui est ingrat ? Je ne tourne pas le dos. Monsieur Ouattara est un citoyen. Je le respecte, il est président. Mais la Côte d’Ivoire n’est pas une propriété privée. Et pourquoi ce ne serait pas lui qui m’aurait tourné le dos ? En politique, il n’y a pas d’ingratitude. Il y a des choix sur lesquels je ne suis plus d’accord avec lui et j’ai décidé de prendre ma liberté. C’est quoi cette histoire d’ingratitude ?

Vous proposez quelle alternative au programme mis en œuvre ces dernières années ?

Démocratique. Je suis pour une société de confiance. Je veux que les Ivoiriens soldent les comptes du passé, que chacun reconnaisse ses responsabilités et qu’ensemble nous reprenions un nouveau chemin et puis qu’ensemble nous fassions reculer un peu la pauvreté quand même.

Vous êtes un des leaders historiques du PDCI qui appelle aujourd’hui à soutenir Alassane Ouattara dès le premier tour. Est-ce que le combat ne s’annonce pas difficile pour vous sans le soutien du PDCI ?

Je vais vous dire une chose : le congrès du PDCI avait décidé que le PDCI aurait son candidat. Cette décision a été prise au congrès de 2013. Et je suis dans ce schéma-là. Le président du parti en a décidé autrement. Il a fait un congrès extraordinaire pour valider sa décision, c’est très bien. Moi, j’étais sur la décision du congrès ordinaire, je suis PDCI et je suis candidat. Maintenant, est-ce qu’on peut arriver sans l’appareil du PDCI ? Je n’en sais rien. En tout cas, j’y vais.

Vous venez d’être désigné il y a quelques jours à la tête de la CNC, la Coalition nationale pour le Changement. Vous êtes déjà quatre candidats au sein de cette plateforme. Autant d’ambition pour un même fauteuil, est-ce que ce n’est pas trop ?

Mais qui vous a dit que nous sommes au bout de nos efforts ? Vous allez vite en besogne.

Une candidature unique n’est pas exclue ?

Rien n’est exclu.

Est-ce que vous seriez prêt, si on vous le demandait, à vous retirer en faveur d’un seul candidat unique ?

Non. Reformulez la question autrement. Pourquoi vous ne dites pas : « Est-ce que vous seriez prêt à accepter d’être le porteur des espoirs de la CNC » ? Je vous répondrais : oui. Je vais vous dire aussi que si effectivement la CNC décide autrement, je ne vois aucun inconvénient à suivre la décision de la CNC.

Certains au sein de la Coalition envisagent le boycott en affirmant que les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui pour aller aux élections. Est-ce que vous, vous irez à tout prix ?

Où est-ce que vous avez appris ça ? Personne n’a parlé de boycott au sein de la CNC. Personne. Nous travaillons pour que le président de la République daigne recevoir les membres de la CNC, l’opposition, pour que nous puissions examiner les préoccupations que nous avons proposées dans la charte et qui devraient assurer une élection paisible, transparente. Et personne n’a dit que les élections devaient être boycottées par qui que ce soit. On n’est pas au bout des discussions. Donc il ne faut pas conclure.

Au sein de la CNC, la coalition que vous présidez désormais, il y a d’anciens ténors du PDCI, des frondeurs du FPI qui réclament toujours la libération de l’ancien président Laurent Gbagbo.

Est-ce que vous êtes sur cette même ligne ?

Il y a la moitié des Ivoiriens qui souhaitent que Laurent Gbagbo soit libéré. C’est une évidence !
En 2011, vous aviez demandé aux Ivoiriens de faire confiance à la justice internationale au moment du transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye.
Mais bien sûr. Est-ce que faire confiance à la justice internationale interdit que l’on souhaite que Laurent Gbagbo soit libéré ?

Qu’est-ce que vous demandez à ceux qui disent que vous avez changé d’avis aujourd’hui pour draguer les voix du FPI ?

Ça, ce sont des propos comme ça, de votre bouche.

Il n’y avait aucune visée électoraliste de votre part quand vous êtes allé rendre visite à Laurent Gbagbo ?

Je vais vous dire une chose, je ne suis pas un politicien ! Je suis un homme politique, j’ai exercé des responsabilités importantes et je ne joue pas avec les questions d’intérêt national. Je ne drague personne – pour emprunter vos mots. Je ne suis pas dans ce schéma-là.

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NB: Le titre est de la rédaction.