GABON: JEAN PING, LA CIBLE ?

Par IVOIREBUSINESS - JEAN PING, la CIBLE d'Ali Bongo?

Jean Ping, ancien président de la Commission de l'Union africaine. Reuters.

L’entrée fracassante sur le devant de la scène politique de Jean PING bouleverse complètement la donne pour les élections présidentielles gabonaises prévues en 2016.
L’immense expérience politique de PING, sa notoriété internationale, sa compétence avérée d’économiste (il est docteur d’Etat en économie) doublé d’un diplomate qui a fait ses preuves à l’Union Africaine et à l’ONU fait de lui un candidat redoutable et redouté.
Cerise sur le gâteau ce qu’on peut appeler son « profil personnel atypique de chinoir » est un avantage remarquable au moment où la Chine est devenue le premier partenaire économique du continent africain.
On comprend dès lors, la peur panique qui peut saisir une certaine classe politique gabonaise bousculée dans ses certitudes et ses schémas éculés.
L’opposition vient de trouver son champion et fédérateur en l’absence de André Mba Obame empêché et elle n’a pas tardé à porter à sa tête l’ancien ministre (qui a eu à occuper de nombreux portefeuilles) et ancien Président de la commission de l’Union Africaine. A l’évidence l’engagement de Jean Ping, homme compétent et rigoureux, connu dans le monde entier comme un diplomate chevronné et efficace est une aubaine pour les opposants gabonais très remontés contre le Président Ali Bongo. Ce dernier l’a bien cherché en écartant assez brutalement nombre de personnalités qui avaient travaillé avec son père feu Omar Bongo.
Le changement de génération est certes inéluctable; mais il est l’aboutissement d’un processus et non une marche forcée sur des chemins non balisés voire hasardeux. Aucun pays africain, même si les jeunes y sont l’écrasante majorité, ne peut se passer des hommes d’expérience bien formés et encore solides pour servir. Le conflit de générations ici n’en est pas un.il est né d’une volonté hâtive de faire place nette qui ne pouvait ne pas susciter un retour de boomerang. Comme le défi lancé par Ping le prouve.
Face à cette situation déstabilisatrice, le pouvoir gabonais semble de plus en plus frileux et parait opter pour une stratégie de la fermeté et/ou de la surenchère. Celle-ci trouverait une oreille attentive en Côte d’Ivoire où le ministre de l’Intérieur, Ahmed Bakayogo se serait rangé du côté du locataire du palais de la corniche de Libreville. En effet, Ali Bongo aurait envoyé un émissaire auprès du ministre de l'intérieur de Côte d'ivoire pour que ce dernier organise l'assassinat de Jean Ping de préférence à l'extérieur du Gabon. "
Pourquoi un tel choix qui pousserait à cibler Jean Ping qui a tenté, à l’époque, de trouver une issue heureuse au conflit ivoirien ?
Les actions diplomatiques de Ping toujours frappées du sceau du panafricanisme et de l’humanisme n’ont-elles pas eu l’heur de plaire à Bakayogo ?
A moins qu’il n’y ait des raisons cachées et inavouables; rien ne permet de le penser. S’agit-il alors d’une alliance de circonstance avec Ali Bongo ?tout est possible lorsque l’ambition aveuglante mène la danse. Quoiqu’il en soit Jean Ping n’est pas n’importe qui. Il est une personnalité de premier plan respecté dans le monde entier pour ses états de service et son comportement exemplaire.

L’intimidation est inopérante avec un tel homme. S’il a décidé de se lancer à la conquête du pouvoir dans son pays; c’est certainement après mûre réflexion. Il a logiquement pris les contacts et les précautions qui s’imposent.
Nous sommes à l’ère de la démocratie en Afrique et non à celle des actions de force brutale ou autre pour écarter les concurrents. Le pouvoir gabonais doit avoir des arguments à opposer à ses détracteurs. Il ne peut non plus sous-traiter, par délocalisation, ses problèmes politiques internes à des hommes d’autres pays qui n’ont rien à voir avec le Gabon.
Toutefois il se peut que toute cette affaire soit un échafaudage peu solide. Mais mieux vaut prévenir que guérir et face à une situation aussi risquée; il faut tirer sur la sonnette d’alarme.
Que tout le monde joue le jeu démocratique et laisse tout un chacun libre de se préparer à compétir.
Jean Ping a pris son courage à deux mains pour se lancer. Il est dans l’arène, donc prêt au combat…politique.

par Nadine Matamangooye