Evaluation du Programme économique et financier: Le Fmi juge médiocre la gouvernance Ouattara

Par Notre Voie - Le Fmi juge médiocre la gouvernance Ouattara.

Vendredi 19 septembre 2014. Abidjan. Le Patronat ivoirien (CGECI) inaugure son centre de développement commercial du secteur privé (la Maison de l’entreprise), en présence du Chef de l’Etat Alassane Ouattara.

Le dernier rapport du Fmi publié en juillet dernier et actuellement disponible, après sa mission d’évaluation du programme économique et financier de la Côte d’ivoire, est très réservé sur l’avenir économique du pays. Le rapport épingle les travers de la gouvernance Ouattara. Pour le Fmi, non seulement la Côte d’Ivoire s’est fortement endettée ces trois dernières années, en plus des dépenses ont été effectuées en toute opacité. En gros, les dépenses publiques sont gérées de manière pas du tout satisfaisante. En particulier, l’usage excessif de procédures de dépenses exceptionnelles, y compris les avances de trésorerie et les régies d’avance. C’est pourquoi, les services du Fmi «invitent fortement les autorités à redoubler d’efforts pour améliorer l’efficience et la transparence des dépenses publiques. Afin de maintenir la contribution positive des dépenses publiques à la croissance alors que leur volume a déjà augmenté sensiblement par rapport à 2011, et compte tenu des possibilités limitées de les augmenter davantage, il est nécessaire d’accroître leur efficience et leur transparence en les rationalisant et en améliorant la gestion des finances publiques». En un mot, le gouvernement gère mal l’argent du peuple. L’insatisfaction du Fmi concerne également le climat des affaires et la réforme du secteur financier. Pour les experts du fonds monétaire, les réformes mises en œuvre par le gouvernement ne suffisent pas à rassurer entièrement le monde des affaires. Ils soulignent qu’il reste beaucoup à faire. En particulier les experts exigent de l’etat qu’il règle sa dette intérieure en temps voulu et que les arriérés intérieurs soient apurés rapidement pour encourager le développement du secteur privé, qu’il réduise le nombre de marchés publics qui sont octroyés sans mise en concurrence. En ce qui concerne la restructuration des banques publiques, les services du fmi invitent vivement les autorités à agir de manière rapide car de nouveaux retards pourraient accroître les coûts budgétaires. Sur un autre chapitre, le Fmi reste circonspect sur la viabilité de la couverture maladie universelle, compte tenu de la fragilité à long terme de la situation budgétaire de la Côte d’Ivoire. Car, soulignent les experts du fonds monétaire, l’impact budgétaire de cette réforme pourrait être considérable à moyen terme. Les coûts de lancement du système sont estimés à environ 15 milliards fcfa en 2014. L’état apporte 5 milliards fcfa et tend la main aux donateurs pour 10 milliards fcfa. Le plus marrant, c’est que l’état prévoit la couverture de 17% de la population la première année, ce pourcentage atteignant 40% d’ici 2025. C’est-à-dire que sur onze ans, même pas la moitié de la population ivoirienne se sera couverte ! L’un des points marquants du rapport est celui de l’évaluation des risques qui pèsent sur la gestion financière du pays. Le fmi endosse notre position sur l’incertitude politique relative à l’élection présidentielle d’octobre 2015 «qui pourrait décourager les investisseurs potentiels et peser sur les perspectives de croissance». Le fmi note également que «ces tensions pourraient aussi freiner la dynamique de réforme, en particulier les efforts de modération de la masse salariale publique. Un autre risque intérieur pourrait résulter de subventions plus élevées que prévu au secteur de l’électricité en raison d'une pluviométrie insuffisante. Les principaux risques extérieurs sont un financement insuffisant des projets, qui pourrait peser sur l’objectif de croissance, et une nouvelle augmentation du coût des emprunts internationaux liée à l’élimination des politiques monétaires non conventionnelles, qui entraverait la stratégie des autorités visant à émettre des euro-obligations, à diversifier la base des investisseurs et à allonger la maturité moyenne de la dette». En somme, la Côte d’Ivoire n’est pas bien mise en dépit de quelques progrès remarquables. «Il reste beaucoup de travail à accomplir pour que la Côte d’Ivoire puisse s’affranchir de ses fragilités et atteindre son objectif de devenir un pays émergent d’ici 2020 », note le rapport. en particulier, poursuit le rapport, «il sera essentiel de maintenir la dynamique de réformes pour continuer d’améliorer l’efficience des dépenses, d’autant que l’investissement public ne peut pas continuer d’augmenter au même rythme. En outre, il sera crucial de poursuivre les réformes visant à améliorer le climat des affaires et la gouvernance, qui reste généralement médiocre, ainsi que pour stimuler la confiance du secteur privé»

J-S Lia