Débats et opinions : Se départir d’un atavisme de naïveté, c’est éveiller sa conscience. Ou comment contribuer à la libération du Président Laurent Gbagbo

Par Correspondance particulière - Se départir d’un atavisme de naïveté, c’est éveiller sa conscience. Ou comment contribuer à la libération du Président Laurent Gbagbo.

Comité central du FPI. Image d'archives.

Lorsque qu’on apprécie sainement les choses et les évènements, lorsqu’on fait preuve d’un sens critique affuté, on dit qu’on maîtrise l’art du discernement.
Dans la dialectique de tous les jours, lorsqu’on s’oppose à telle ou telle infamie, en Côte d’Ivoire ou encore à l’encontre de la CPI, à quoi bon exiger quelque chose ou condamner autre chose, si condamner et surtout exiger ça n’est pas définir une équation qui dirait : j’exige sinon…je condamne sinon…Si le deuxième terme de l’équation n’est pas évoqué très explicitement, s’il ne reste qu’elliptique d’une intention, alors on donne des coups d’épée dans l’eau, on se complait dans une action inutile, dans une rêverie compassée, dans une supplique théâtrale. Seul un rapport, de forces différenciées peut faire bouger les lignes, sinon mieux vaut faire l’économie d’une sortie qui affaiblie plus qu’elle ne renforce.
Evacuons vite l’imagerie mentale, car le temps presse, voyons en face les réalités et hurlons avec les loups car la fin justifie les moyens. Quelle est la fin qui justifie les moyens employés par la CPI, pour empêcher la défense du Président Laurent Gbagbo, soit de se pourvoir en appel, soit de demander une enquête sur l’état de santé d’un juge mourant ? C’est de garder le plus longtemps possible Laurent Gbagbo derrière les barreaux, et pourquoi ? Pour laisser un néo-colonat s’installer durablement en Côte d’Ivoire, avec toutes les turpitudes, gabegies et intérêts personnels que cela implique.
La forme d’« article 49 » de la CPI c’est de pouvoir siffler une fin d’un non-recevoir lorsqu’elle est mise en difficulté car son droit est un droit Patricien qui s’arroge toutes sortes de prérogatives qui deviennent des règles divines et imprescriptibles sitôt évoquées.
Laurent Gbagbo ainsi frappé d’une peine afflictive est donc un galérien des temps modernes enchaîné « légalement » à son banc de nage sans qu’on puisse faire quoi que ce soit pour l’en libérer. Cependant que nous le voulions ou non ce galérien, coupable expiatoire d’un crime illusoire, qui nous rappelle que des forçats noirs furent jadis enchaînés deux à deux, par des colliers de fer dans des culs-de-basse- fosse, simplement parce qu’ils étaient noirs, devient progressivement une icône, un symbole qui montre le chemin à ceux qui veulent bien le voir. Enveloppé dans une aura mystique qui glace le sang de ses contradicteurs, Laurent Gbagbo reste le patron des patrons, du parti politique qu’il a créé, il reste également l’homme à ne pas affronter pour de prochaines élections Présidentielles en Côte d’Ivoire.
Hurler avec les loups, ça n’est pas (plus) faire preuve d’obséquiosité face à une justice qui a définitivement condamné Laurent Gbagbo, mais c’est prendre le contrepied de ce à quoi les autres s’attendent, c’est reprendre la présidence d’un parti laissé en déshérence depuis des lustres, c’est déclarer sa candidature aux prochaines présidentielles supposées se tenir en 2015 en Côte d’Ivoire, c’est dévoiler d’une manière chirurgicale à la Communauté Internationale la stratégie d’un clan/exécutif en place en Côte d’Ivoire pour usurper une nouvelle et dernière fois, la magistrature suprême, en décryptant les coups que ce clan anticipe sur son échiquier électoral avec l’assistance de miliciens et autres soudards à la solde.
N’en déplaise à certains, sans Laurent Gbagbo le pouvoir ne pourra pas se reprendre et quand bien même un autre candidat du FPI émergerait, il serait illico, dégommé par le clan qui fera bien entendu son affaire de l’article 48, ça n’est qu’une formalité, et qui, après avoir corseté la CEI, fera main basse sur les bureaux de vote, avant de passer au formol un ersatz de conseil constitutionnel. Telle est la réalité des choses, tout le reste, n’est que vue de l’esprit.
Ne soyons donc pas naïf, prenons de la hauteur, allons à l’essentiel et répondons à la question suivante : Qui bougera l’auriculaire pour faire sortir Gbagbo de derrière ses grilles ? Certainement pas l’Union Africaine ni même un quelconque chef d’Etat africain ou occidental en place, trop risqué pour leurs pénates ! Alors qui ? Le peuple ivoirien ! Pas encore, car trop émietté et (malheureusement) pas suffisamment contraint, Le peuple d’Afrique ? Pourquoi pas, mais il faut attendre que l’homme providentiel sorte de l’ombre. Etant arrivés dans une impasse posons-nous une autre question, déterminante : Qui peut donner instructions à la CPI de procéder à une levée d’écrous afin que le Président Gbagbo recouvre sa pleine liberté, sous-entendu qui a autorité sur cette office de judicature sise à La Haye ? Officiellement personne, étant entendu que cette juridiction est supposée être indépendante, mais il existe bien quelque part une nébuleuse qui ait force de loi, même officieusement nous ne sommes par regardants ! Rappelons-nous les « évocations de grâce » dispensées par Louis XIV au nom d’un pouvoir souverain de justice et qui permettait d’en hâter la marche.
A l’évidence le Conseil de Sécurité des Nations Unies, est à même d’infléchir discrétionnairement, au moyen d’une forme de « cassation » le sort du Président Laurent Gbagbo, mais pour ce faire il parait important que ce dernier se porte candidat aux prochaines Présidentielles en Côte d’Ivoire, après au préalable avoir été plébiscité pour prendre la Présidence du FPI et que nombre de personnes d’influence et de justice interfèrent auprès de cette institution, car le monde sait que Laurent Gbagbo est innocent de ce dont on l’accuse, et que l’erreur judiciaire laisse de profondes et indélébiles scarifications au sein d’une humanité universelle.
A l’évidence cette nouvelle posture Démocratique, devrait remettre à plat les stratégies d’évitement des uns et des autres et surtout faire en sorte que la justice internationale se positionne face à un séisme politique international, qui pourrait bien la rendre déliquescente.
La Côte d’Ivoire attend son électrochoc, elle attend d’une providence autre chose que, l’écartèlement, la décollation, la roue ou le bûcher, elle attend d’exister, même si bien de ses souffrances viennent de la négation de ce qui est.
Nous sommes nés pour agir, disait Montaigne dans ses essais, alors agissons en pratiquant, comme je le disais en introduction, l’art du discernement.

Une contribution par Alain CAPPEAU
Conseiller Spécial du Président Laurent Gbagbo