CPI - Laurent Gbagbo reçoit un soutien de taille: Probst, Conseiller du Président Chirac, exige la libération Gbagbo et traite Ouattara d'homme du passé

Par Aujourd'hui - Un proche de Chirac se déchaîne contre Ouattara, tacle le PS, et exige la libération du Président Gbagbo

Devine qui vient à la maison ! Alain Toussaint, responsable de Politico.com qui existe aussi en version télé, a interrogé avant-hier en France Jean-François Probst, chiraquien pur jus et ancien conseiller de l’ancien président français qu’il a servi et accompagné en Afrique pendant de nombreuses années. On aurait dit que l’ivoirien a mal choisi son invité tellement il y a eu des inimitiés entre Gbagbo et Chirac. Et tellement il peut paraître évident que Chirac a répandu sa haine anti-Gbagbo autour de lui. Mais que non ! Jean-François Probst qui avait déjà, pendant la crise postélectorale, pris partie pour le président Gbagbo, s’attaque vertement à Ouattara qu’il accuse de ne pas favoriser la réconciliation nationale. « Je sais que ça va s’arranger le jour où Bédié et la vieille équipe, Ouattara et son entourage et puis Gbagbo vont se mettre d’accord ». Or, pour que cela soit possible, il faut d’abord libérer Gbagbo, ensuite tirer un trait sur ce qui s’est passé. Vu le contexte, l’actuel chef de l’Etat peut-il être le réconciliateur des Ivoiriens ? L’ancien conseiller de Chirac donne sa réponse sans la moindre hésitation. « Pour moi, dit-il, Ouattara est un homme du passé », d’une part. Mais il y a pire selon Probst. «Ouattara ne manifeste pas clairement son engouement pour la Côte d’Ivoire. Pour moi, Ouattara, c’est le premier ministre d’Houphouet Boigny pendant des années 90. Moi, je préférais voir un Ivoirien, une Ivoirienne de 35 à 40 ans qui s’appuie sur l’expérience du Vieux (Houphouët-Boigny, ndlr). Pour lui, Bédié doit enfin songer à quitter la scène politique ivoirienne. «Henri Konan Bédié ; je l’avoue, a réussi son parcours politique mais il y en a d’autres. La Côte d’Ivoire doit retrouver la paix et Probst conseille que Gbagbo soit libéré. «Non seulement j’espère que le président Gbagbo va être libéré mais j’en appelle aux députés, aux sénateurs, aux décideurs français et même au président Hollande », déclare-t-il. Pour ce chiraquien, c’est l’avenir de la Côte d’Ivoire qui le commande. «Je voudrais que les amis français de la Côte d’Ivoire disent bon, il y a eu des troubles, des exactions, des meurtres. Il y a eu un début avec les hommes de Ouattara et autres Soro Guillaume déjà en 2002. Aujourd’hui 2014, tirons un trait et retrouvons un chemin, celui de la Basilique de Yamoussoukro tous ensemble avec la bénédiction du Pape, des Curés, des Imans et des bonnes sœurs. Moi, personne ne m’a raconté les horreurs et les exactions », attaque-t-il les décideurs politiques français d’aujourd’hui qui ne connaissent pas la Côte d’Ivoire et qui prennent des décisions depuis leurs bureaux parisiens. Alors, Probst ironise : «je dirais même au président hollande que dans les jours à venir que Gbagbo soit un homme fréquentable. A l’époque quand il était encore premier secrétaire du parti socialiste, le parti socialiste français ne fréquentait pas mal le président Gbagbo. M. Le Guen, De Cambadélis et autres allaient souvent voir le président Gbagbo (…) J’ai donc tendance à dire aux socialistes : vraiment si vous n’êtes pas content de Gbagbo, rendez l’argent à Abidjan ». Sans doute cette boutade-là va amplement toucher le député socialiste François Loncle qui vantait quelque peu la politique des mallettes de l’épouse d’Alassane Ouattara dans une interview encore disponible sur youtube. Ancien président de la commission des affaires étrangères, Loncle y reconnait de grands talents à Dominique Ouattara qui avait convaincu de nombreux socialistes grâce à cette politique. Or selon François Probst, non seulement Laurent Gbagbo en donnait au parti socialiste mais surtout François Hollande était au courant de tout. C’est-à-dire au moment où il vitupérait sur la place publique en affirmant que l’an- cien président était infréquentable. Car pour Probst, la France a une grande responsabilité dans le dénouement de cette grave crise. «J’aime la Côte d’Ivoire. Je voudrais que les amis français de la Côte d’Ivoire disent bon, il y a eu des troubles, des exactions, des meurtres. Mais aujourd’hui en 2014, tirons un trait et retrouvons un chemin, celui de la basilique de Yamoussoukro tous ensemble avec la bénédiction du pape, des curés des imans et des bonnes sœurs ». Son message vise aussi la cour pénale internationale qui n’a toujours pas de preuves contre Gbagbo mais qui continue de le maintenir en détention. «Les magistrats de la Haye voient bien que ce président n’est pas n’importe qui. Bien sûr, il a commis quelques erreurs. Il a commis l’erreur de ne pas voir venir les ennemis de la Côte d’Ivoire, les adversaires », a encore plaidé Jean François Probst dont le dis- cours sans fioriture tranche avec la langue de bois habituelle des hommes politiques français.▄

Sévérine Blé