Corruption et mauvaise gouvernance sous Ouattara: Les aveux de Billon mettent le Pouvoir à nu

Par Notre Voie - Les aveux de Billon mettent le Pouvoir de Ouattara à nu.

« Il y a un recours aujourd’hui auprès de l’Uemoa, la Justice a été saisie, il faut attendre sa réponse », a confié, samedi dernier, 15 juin 2013, à la presse, le ministre Jean-Louis Billon qui était présent à Libreville (Gabon) avec Alassane Dramane Ouattara, lors de la 2ème édition du forum économique New York Forum Africa. Le ministre ivoirien du Commerce, de l’Artisanat et de la promotion des PME, évoquait ainsi l’attribution du 2ème terminal à conteneurs du Port autonome d’Abidjan au consortium français Bolloré Africa Logistics-APM (Maersk) et Bouygues Travaux publics. Une concession dont il dénonce la procédure suspecte. Laissant entrevoir clairement des possibilités de corruption, de dessous-detable et de bakchichs entre des personnalités du régime Ouattara et le consortium Bolloré-Bouygues. Dans l’interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire français « Le Nouvel Observateur » daté du 6 juin dernier, M. Billon affirme même : « je ne serais pas surpris si demain on me disais qu’il y a eu des problèmes de gouvernance dans l’attribution du deuxième terminal». Une accusation à peine voilée à prendre très au sérieux d’autant qu’elle provient d’un membre du gouvernement Ouattara. Donc d’un sachant de poids. Mais également un homme d’affaires dont le frère cadet David Billon était candidat à l’acquisition du 2ème terminal à conteneurs à travers la société Movis-Côte d’Ivoire qu’il dirige. C’est d’ailleurs cette Entreprise et son partenaire NCT Necotrans qui ont portéplainte, le 26 mai 2013, contre le consortium Bolloré- Bouygues, auprès de la commission de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (Uemoa). Cela à travers un courrier référenciée Fair Value F017/D0479. Movis-Côte d’Ivoire et NCT Necotrans dénoncent des « pratiques anticoncurrentielles dans le cadre de la concession du 2ème terminal à conteneurs du Port d’Abidjan » ayant profité à Bolloré Africa Logistics-APM (Maersk) et Bouygues Travaux publics. De nombreux scandales… En attendant que la commission de l’Uemoa ait le courage de trancher dans cette affaire qui indexe la mauvaise gouvernance du régime d’Alassane Ouattara, président en exercice de la Cedeao, et les pratiques qui ont cours dans le microcosme de la Françafrique, il est nécessaire de noter que cette affaire constitue un nouveau scandale sous l’ère Ouattara. Un scandale que visiblement le régime ivoirien actuel a du mal à étouffer. C’est à juste titre qu’aucune réponse plausible n’est venue de la part du camp Ouattara pour confondre Jean-Louis Billon. Même « l’allié » de Ouattara, le contesté Henri Konan Bédié, a brassé l’air en tentant de sousestimer la gravité des révélations de Billon. « Tort ou pas tort (il parlait de Jean-Louis Billon, ndlr), je dis simplement que je ne connais pas le dossier en détail. Mais j’ai confiance au gouvernement auquel appartiennent les ministres Pdci, un gouvernement dirigé d’ailleurs, par un Premier ministre Pdci », a-t-il confié à la radio RFI, le mercredi 12 juin dernier. Peut-on accorder du crédit à des propos de soutien d’un ex-chef de l’Etat dont le régime a été épinglé pour avoir détourné 18 milliards fcfa de l’Union européenne ? Comme sous Bédié, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan renoue, sous Ouattara, avec les scandales de mauvaise gouvernance. Mais avant son arrivée à la Primature, le gouvernement Ouattara était déjà largement abonné aux scandales financiers et à la mauvaise gouvernance. Fait curieux, les ministres indexés dans ces affaires sales n’ont pas été limogés. Seul Adama Bictogo fut « sacrifié», au dire des sources proches du Rdr. Accusé pour détournement de fonds dans l’affaire des déchets toxiques, l’ex-ministre de l’Intégration africaine a été, contre toute attente, « blanchi » par le procureur de la République de l’époque, Simplice Kouadio Koffi. Quant aux ministres Kandia Kamara et Sanogo Mamadou (affaire Celpaid) ; Anne-Désirée Oulotto (affaire Satarem) et Cissé Bacongo (affaire 110 milliards des Universités publiques), ils sont tous encore membres du gouvernement. Aucune procédure judiciaire n’a été ouverte contre eux pour savoir si les accusations sur leur compte sont fondées ou non. Alassane Ouattara, luimême, n’en dit pas mot depuis environ deux ans. La charte, une campagne démagogique Le silence de Ouattara face à toutes ces affaires confirment l’opinion des observateurs avertis à propos de l’objectif visé à travers l’instauration de la charte d’éthique, le 9 août 2011. En effet, à cette date-là, Alassane Ouattara a fait signer, dans une ambiance de théâtralisation exacerbée, à chacun de ses ministres, une charte d’éthique et de bonne gouvernance déclinée en dix points. « Notre pays a souffert pendant trop longtemps de pratiques illicites qui ont porté atteinte à la crédibilité de notre gouvernement. La corruption, la course effrénée à l’enrichissement illicite, le trafic d’influence, les abus de biens sociaux, le népotisme, le clientélisme, les détournements en tous genres, ont été érigés en mode de gestion », a accusé M. Ouattara qui promettait même une rupture. Moins d’un an plus tard, on découvrira que la charte et les déclarations mielleuses étaient tout simplement de la propagande sans lendemain visant, en vérité, à plaire à la communauté internationale qui a adoubé Alassane Ouattara après le renversement de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, personne au sein du régime Ouattara ne parle de la fameuse charte d’éthique et de bonne gouvernance. Tout a été jeté aux oubliettes et les pratiques françafricaines faites de clientélisme, de corruption, de mauvaise gouvernance etc. se sont totalement installées. Et le pays va désespérément à vau-l’eau. C’est sans doute pour tenter de se désolidariser de cette débâcle que le ministre Billon donne de la voix. D’ailleurs, un de ses proches nous confiait récemment que « Jean-Louis Billon regrette de s’être associé au régime Ouattara ».

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