Cameroun : Comment Soro a été humilié au Cameroun. Les révélations d'un témoin oculaire

Par IVOIREBUSINESS - Un témoin de l’humiliation de Guillaume Soro au Cameroun raconte

Guillaume Soro lors de son allocution devant les parlementaires camerounais.

Pour la toute première fois depuis l’avènement de Ouattara au pouvoir d’état en Côte d’Ivoire, un parti socialiste africain prend position contre l’accession au pouvoir par les armes. L’histoire retiendra que Soro Guillaume, ex-chef de la rébellion de Forces nouvelles coupables de génocide et crimes contre l’humanité, venu à la rescousse de la ministre de communication Affousy Bamba en riposte à l’intervention du Ministre Ahoua Don Mello sur les antennes camerounaises, a été déculotté. En tout cas un plat très épicé, assaisonné de ndôlè et de makabo camerounais parsemé d’espèces sonnantes et trébuchantes lui ont été pitoyablement servi. Il était 11h du matin, le samedi 07 juin dernier, lorsque je reçu un appel de l’honorable Osih Joshua, Vice-président du Social democratic front(SDF), m’informant de venir prendre part au conclave de son parti politique à Buea. Très vite une voiture de type 4x4 fut mise à ma disposition avec chauffeur. Je me rendis donc sur les lieux situés aux encablures de la somptueuse ville balnéaire de Limbé, plus précisément au Mountain hôtel situé sur le mont Cameroun. A 16h 00, mon arrivée fut annoncée et je pris part au national Executive Committee dont 2 h furent consacrées à la crise ivoirienne. Après des débats houleux sur la Côte d’Ivoire, les sénateurs et les maires du SDF ont demandé séance tenante aux députés SDF de produire une déclaration concernant la réception de Soro Guillaume à l’Assemblée nationale du Cameroun. Mais déjà, le président John Fru Ndi avait planté le décor en disant que l’emprisonnement de Gbagbo et de sa femme était un péché contre l’humanité. Pour lui, il n’a ni ordre, ni de conseils à recevoir de ce « little boy », allusion faite à Soro guillaume. Il a soutenu qu’en 1992 il aurait pu prendre les armes comme Soro Guillaume lorsque sa victoire lui fut volée par le Président Paul Biya. Nous vous présentons ici un extrait de la déclaration du SDF à travers son national executive committee (NEC), qui consciente de la situation actuelle du Président Laurent Gbagbo, de celle de la Côte d'Ivoire, et de l'arrivée imminente du rebelle Guillaume Soro au Cameroun), a tenu à féliciter les dirigeants du Front Populaire Ivoirien (FPI) pour leur volonté de travailler pour une véritable réconciliation en Côte d'Ivoire : « Le SDF est totalement convaincu que la crise en cours en Côte d'Ivoire est alimentée par des intérêts étrangers qui tirent les ficelles et qui sont tapis dans l'ombre, au détriment des Ivoiriens. Il croit sincèrement que la véritable réconciliation des fils et filles de la Côte d'Ivoire nécessite la libération de tous les "pro-Gbagbo", prisonniers politiques, qui sont détenus sans procès depuis des années. Le SDF rejette une justice des vainqueurs dont est victime un côté des protagonistes du conflit post-électoral dans ce pays frère, et exhorte les juges de la Cour Pénale Internationale (CPI) à La Haye, à libérer sans condition le Président Laurent Gbagbo pour qu’enfin s’ouvre un dialogue entre les principaux acteurs de la crise en Côte d'Ivoire. Pour finir, il affirme que les conditions ci-dessus mentionnées doivent d’abord être remplies pour que Guillaume Soro arrive au Cameroun ».
Malheureusement, ces conditions n’ont pas pu être remplies avant que Soro Guillaume n’arrive au Cameroun. C’est ce qui a provoqué le courroux du SDF.
Joignant ainsi l’acte à la parole dans l’hémicycle aux environs de 10 h35, les 18 députés du parti social-démocrate ont boycotté la séance plénière d’ouverture de la deuxième session parlementaire de l’année 2014, après 2 h d’intense ballet diplomatique. Joseph Banadzem et ses 18 collègues étaient pourtant là à l’ouverture des travaux. Mais dès que le président de l’Assemblée nationale du Cameroun a prononcé le nom de son homologue ivoirien, ils ont quitté l’hémicycle non sans proférer quelques injures, comme pour conjurer le mauvais sort et cela sur fond d’applaudissement des autres députés. Seule une partie de la chambre basse camerounaise a donc suivi le discours-programme de Soro sur le «panafricanisme vrai».
Cavaye Yéguié Djibril, président de l’Assemblée nationale du Cameroun, a été le premier à s’offusquer du comportement du Sdf en exprimant clairement sa colère et sa désapprobation en ces termes : « je ne suis pas content ». Il aurait passé deux heures à négocier avec ses collègues de l’opposition pour qu’ils daignent écouter le discours préparé par son invité. C’est à l’hémicycle et devant tout le monde qu’il s’est rendu compte que les assurances de ses interlocuteurs n’étaient que de la poudre aux yeux. La présence de Guillaume Soro au Cameroun ne passe pas, il a même été hué par des patriotes camerounais massés devant l’Assemblée pour la circonstance. Convoqué d’urgence à la présidence pour lui demander la conduite à tenir, le président de l’Assemblée nationale camerounaise ne savait plus où donner de la tête. Quelques minutes après l’incident, le vice-président du SDF, avant de s’envoler pour le Brésil afin de supporter les lions indomptables, nous confia que leur parti ne cautionnera jamais une prise du pouvoir par les armes. Par ailleurs, les autres députés du Sdf ont rendu compte à l’opinion les raisons pour lesquelles ils ont décidé de quitter la salle. Le questeur Awudu Mbaya Cypriam, vice-président de l’Assemblée National, chargé d’entretenir les médias résume en quelques phrases l’aversion de son parti envers le Blaise Compaoré ivoirien : « Nous sommes sortis parce que Guillaume Soro est déclaré persona non grata au Cameroun par nous les Camerounais, notamment par le Sdf. Nous n’avons pas approuvé son invitation. Il vient nous donner quelles leçons ? Vient-il nous donner des leçons qu’aujourd’hui un jeune homme peut se lever un matin et décider de déstabiliser le gouvernement, et dire, «Arrêtez le président Biya et jeter le en prison et tuez tous les leaders de ce pays», puis accéder au pouvoir en marchant sur des cadavres et se balader partout pour se justifier ? ». Nous disons non ! Guillaume Soro est un voyou ! Il n’a aucune leçon à donner au peuple camerounais. Le Cameroun est un pays qui fait plus que maintenir la paix, c’est un pays qui aime la paix. En 1992, le Chairman Fru Ndi avait gagné les élections. Mais le verdict était en faveur de Paul Biya et le Chairman avait trois options : soit former un gouvernement parallèle, soit déclarer la guerre civile, soit dénoncer la Réunification en adhérant au SCNC pour déstabiliser notre pays. Nous avons dit non ! Le Sdf est un parti qui veut accéder au pouvoir. Nous ne pouvons pas accéder au pouvoir par le sang, sur des cadavres… Nous ne pouvons pas accéder au pouvoir en déstabilisant le pays que nous voulons gouverner. Guillaume Soro a cogné les têtes (sic) des leaders de ce pays (ndlr la Côte d’Ivoire) et aujourd’hui il vient nous donner des leçons ! Voilà pourquoi nous l’avons déclaré persona non grata au Cameroun. Le Sdf croit que la meilleure façon d’accéder au pouvoir c’est par le résultat des urnes».
Dans la même veine que le SDF plusieurs partis camerounais à l’écoute du peuple camerounais très en colère, ont appelé à l’humiliation de Soro Guillaume. Parmi eux, le MANIDEM. Pour eux, le 11 Juin restera dans l’histoire du peuple ivoirien, une journée noire. Celle où le gouvernement camerounais se disant démocratique et respectueux des droits de l’homme, après avoir cautionné le massacre par l’impérialisme français et ses mercenaires, locaux de plusieurs milliers de nos frères, se prépare toute honte bue, à recevoir le Blaise Compaoré ivoirien. Le MANIDEM pense que Soro Guillaume a organisé des massacres à la limite du génocide pour tenter de les faire endosser par Laurent Gbagbo. Selon eux, Soro Guillaume et Ouattara détiennent au secret depuis plus de 3 ans des militants du FPI ainsi que d’autres personnes soumises à la torture. Ils ont renchéri en disant que Soro Guillaume maintient des milliers de mercenaires qui se sont illustrés par le viol systématique de milliers de jeunes filles à peines âgées de 12 à 15 ans et dont plus de 5 000 portent des grossesses. Pour eux le massacre de Duekoué lorsque Soro guillaume était encore ministre de la Défense, ne doit pas rester impuni. C’est donc un homme aux mains pleines de sang à qui notre Assemblée a déroulé le tapis rouge dixit le MANIDEM. Est-ce ainsi que l’on traite les rebelles et les terroristes comme ce Boko Haram Ivoirein ? Est-ce ainsi que l’on s’apprête à traiter éventuellement les rebelles et les terroristes camerounais ? Le MANIDEM a rappelé que, conscient de leur incapacité à briguer la magistrature suprême, Soro Guillaume et Ouattara ont tenté d’organiser l’entrée de plusieurs millions de maliens en Côte d’Ivoire pour prendre part au recensement de la population. Mais fort heureusement, IBK a refusé de peur de voir ses émigrés devenir une force rebelle demain, chargée de le déstabiliser. Anicet Ekani, Président du MANIDEM a dénoncé avec véhémences la répression du gouvernement illégitime de Côte d’Ivoire à l’endroit des membres du FPI. Il a par ailleurs dénoncé la tentative de Soro et Ouattara de faire du Cameroun une base arrière. Pour finir il a conclu en dénonçant l’accord à coups de milliards de Francs entre le gouvernement français et camerounais pour la formation à l’EMIA d’officiers ivoiriens, lequel accord consistera à leur apprendre comment gérer et rester longtemps au pouvoir d’état. Pour lui, le rêve des ivoiriens est devenu celui des camerounais et de tout le continent africain.
Le séjour de Soro Guillaume au Cameroun étant prévu pour 4 jours, il s’est rendu le 12 Juin dans un stade pour regarder un match de football, certainement sous forte escorte militaire aux côtés du peuple camerounais. Il a ensuite finalement été reçu en audience par Paul Biya, après un premier refus initial.

Correspondance particulière d’un témoin de l’humiliation de Guillaume Soro au Cameroun