Côte d'Ivoire: La santé de Ouattara inquiète toujours la France

Par Aujourd'hui - La santé de Ouattara inquiète toujours la France.

Alassane Ouattara de retour au pays après plusieurs sémaines de convalescence en France.

Selon des sources proches de la présidence ivoirienne, le chef de l’Etat pourrait se rendre à nouveau, en France dans les prochains jours, pour y subir un contrôle médical. Ce sera le énième déplacement du genre, d’Alassane Ouattara,-au rythme quasi mensuel-, en terre française depuis qu’il s’est fait opérer, il ya quelques mois, d’une sciatique que l’homme traîne de- puis plusieurs années si l’on en croit des indiscrétions dans son entourage. C’est que malgré ses efforts surhumains à la limite, pour afficher une tronche et un physique d’homme bien portant, le n° 1 ivoirien continue d’inquiéter aussi bien dans propres rangs qu’en dehors de la Ouattarandie. Pour preuve, à l’occasion du récent jeune musulman, des sources bien introduites indiquent que la consigne aurait été discrètement passée aux principaux imams de la communauté musulmane, pour intensifier les prières à l’intention du chef de l’Etat dont la santé reste préoccupante. Et selon plu- sieurs témoignages concordants de fidèles musulmans, tout au long du mois de pénitence qui a pris fin hier avec la célébration de l’Aid El Fitr, pratiquement, pas une recommandation faite par les guides religieux, qui n’ait fait allusion à la santé du chef de l’Etat. D’ailleurs ceux qui ont vu les récentes images de l’homme, à la nuit du destin, mercredi dernier, ont certainement eu de quoi se forger une opinion sur son état physiologique réel, avec notamment des traits tirés et un fasciés marqué par la souffrance. Une réalité que les communicants du régime cachent à merveille en projetant dans l’opinion, les visites d’Etat que Ouattara se préparerait à reprendre dans les semaines à venir. Question certainement de dire que tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes possibles et que le chef de l’Etat reste toujours bon pour le service et pour atteindre l’horizon 2020. Un travail de persuasion qui à en croire des fuites diplomatiques, n’a pas convaincu le président François Hollande qui à l’occasion de son récent passage à Abidjan, aurait conseillé à son homologue ivoirien de renoncer à briguer un second mandat présidentiel en raison de son état de santé qui pourrait lui jouer bien de tours dans l’intervalle. A cette inquiétude de son hôte, Ouattara aurait rétorqué qu’il n’y avait pas de quoi nourrir un souci, car il se porte comme un charme pour veiller suffisamment sur les intérêts de la France en Côte d’Ivoire. Une assurance qui n’aurait pas non plus emballé le locataire de l’Elysée qui séance tenante, a promis au dirigeant ivoirien de s’en remettre à ses spécialistes.
Un échange qui vient relancer la question de la santé d’Alassane Ouattara qui alimente toutes les chapelles politiques à Abidjan. Même s’ils se gardent jusque-là d’évoquer ouvertement le sujet, presque tous les principaux acteurs politiques de la place, ne préparent pas moins, en secret, un scénario B. Dans le premier cercle des obligés du chef de l’Etat, tout en clamant que ce dernier a toujours bon pied, bon œil, l’on se prépare sérieusement à parer à toute éventualité. Et à ce jeu, le ministre d’Etat, Hamed Bakayoko, est celui qui pour l’heure tient la corde devant un Guillaume Soro qui n’en finit plus de se voir pousser chaque jour, un peu plus, vers la marge, par ses adversaires de l’intérieur. Selon certains cadres du RDR, les malheurs du chef du parlement viennent de l’épouse du chef de l’Etat qui aurait porté son choix sur le ministre de l’Intérieur au détriment du patron de l’ex-rébellion ivoirienne. D’où l’assurance et la sérénité dégagées par l’ancien compagnon de feu Thierry Zébié (l’ancienne terreur des campus universitaires ivoiriens, lynché à mort en 1991 par une foule d’étudiants en furie), engagé depuis peu à séduire l’opinion et à se bâtir une stature de présidentiable. Dans ce registre, l’homme a sillonné le week-end dernier, la région des montagnes où il a posé, au nom du chef de l’Etat, les premières pierres de commissariats de police dans plusieurs localités du coin. Cerise sur le gâteau, le premier flic ivoirien a procédé au rapprochement du doyen Siki Blon Blaise et le ministre Mabri Toikeusse, deux personnalités de la région, brouillées de longue date et engagées depuis lors dans une sorte de rivalité à mort. Une médiation saluée à sa juste valeur par les populations locales qui veulent croire à l’unité retrouvée des cadres de la région. Mis à l’étroit à Abidjan, Guillaume Soro a lui, plutôt choisi de se faire voir du côté du Bénin voisin où il a procédé le week-end écoulé, au baptême de promotion d’une cinquantaine d’officiers béninois. Un séjour l’éloignant momentanément du théâtre ivoirien où son principal lieutenant, Issiaka Ouattara et Wattao, vient de perdre en l’espace de 48H deux positions stratégiques dans l’appareil sécuritaire du régime. Et les mauvaises langues disent même que derrière Wattao, il faut plutôt voir Guillaume Soro que le pouvoir a désormais dans son viseur après que ce dernier ait fait le sale boulot pour la gloire d’Alassane Ouattara. Au PDCI comme au FPI l’on n’est pas en reste. Tous se préparent également au grand soir. Les prochaines semaines nous situeront davantage.■

Géraldine Diomandé