Côte d'Ivoire: "Des primaires au sein de la CNC, une leçon de civisme à donner au RHDP otage de Dramane Ouattara", par Isaac Pierre Bangoret

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - "Des primaires au sein de la CNC. Une leçon de civisme à donner au RHDP otage de Dramane Ouattara", par Isaac Pierre Bangoret.

Signature de la charte de la CNC par les leaders de l'opposition le vendredi 15 mai 2015 à Abidjan.

DES PRIMAIRES AU SEIN DE LA CNC UNE LEÇON DE CIVISME À DONNER AU RHDP OTAGE DE DRAMANE OUATTARA

La Coalition Nationale pour le Changement (CNC) est qualifiée sur RFI de rassemblement idéologique hétéroclite, parce que composée justement de personnalités politiques issues aussi bien des partis de gauche que de droite de notre pays. Les hommes politiques favorables à la paix, à la réconciliation, et respectueux de notre Constitution, ont inventé cet instrument politique face à la dérive dictatoriale notée au sein de certains partis politiques. La ploutocratie et l’oligarchie sont les maux qui minent aujourd’hui le RHDP et l’organisation politique d’Affi N’Guessan qui n’est plus le FPI, selon le communiqué de ses membres dirigeants qui ont porté à la tête de ce parti politique le président Laurent Gbagbo au Congrès de Mama du 30 avril 2015. La ploutocratie est le gouvernement des riches et l’oligarchie est le régime politique dans lequel la souveraineté appartient à une classe restreinte et privilégiée. Pour Jeffrey A.Winters, la question de l’oligarchie ne doit pas être comprise comme une forme de gouvernement en soi, mais bien une couche de complexité politique à ajouter à toute forme de gouvernement. En Côte d’Ivoire, au sein du RHDP, nous avons en plus des différentes formes d’oligarchie dont la typologie est développée par Winters, une oligarchie guerrière caractérisée par des oligarques armés qui s’affrontent ouvertement. La mort du sergent IB est l’une des conséquences de ces affrontements, qui pourraient nous réserver d’autres surprises désagréables susceptibles de freiner la réconciliation en Côte d’Ivoire. Au sein du FPI, est apparue progressivement une oligarchie régnante avec à sa tête Affi N’Guessan, qui décide d’aller aux élections avec la certitude de battre un Ouattara, qui viole déjà l’article 60 de la Constitution ivoirienne, en nous donnant globalement, durant sa visite à Agboville, en lieu et place du Conseil constitutionnel, le nombre de candidats à l’élection présidentielle ivoirienne de 2015. Si tout ploutocrate défend avant tout à l’instar de Dramane Ouattara sa richesse démesurée, les oligarques de l’acabit d’Affi, de Gossio et leurs partisans défendent leur patrimoine et leur revenu. Ces personnalités politiques sont capables, au moyen de leurs richesses, de promesses, de chantage politique, ou de la terreur, de rassembler autour d’elles des personnes qui ne partagent pas forcément leurs intérêts, leurs idéaux, conformément aux théories développées par Winters. Ils violent, volontairement les droits civiques (les droits et les devoirs des citoyens). Égrenons sommairement les lois de notre Constitution violées par le ploutocrate Dramane Ouattara et son régime, au-delà de l’article 35 : l’article 4 de notre Constitution stipule que le domicile est inviolable, et que les atteintes ou restrictions ne peuvent y être apportées par la loi. Le régime de Ouattara a, bien de fois, violé les domiciles des membres du FPI qui ne détenaient pas des armes et n’étaient pas une menace pour nos populations. L’article 10 stipule que toute propagande ayant pour but ou pour effet de faire prévaloir un groupe social sur un autre, ou d’encourager la haine radicale ou religieuse est interdite. Dramane Ouattara président du RDR, en violation de l’article 54, qui stipule que les fonction de Chef de l’État et de dirigeant de Parti Politique sont incompatibles, prône à la tête de son parti le rattrapage ethnique, et fait ainsi prévaloir dans les faits (les nominations au sein de l’administration ivoirienne) son groupe ethnique (à l’intérieur et à l’extérieur de notre pays) sur les autres communautés ivoiriennes, en violation de l’article 10. Lorsque le ministre Essy Amara affirme sur RFI que nous retrouvons dans la CNC les embryons d’une Nation (que nous entendons démocratique), il affirme implicitement que nous n’avons pas à la tête de la Côte d’Ivoire un régime respectueux des lois républicaines. Il voudrait, en effet, que l’opinion publique le retienne comme le candidat de la réconciliation ; celui qui entend aller au changement (le but commun de tous les membres de la CNC) au moyen d’une arme qu’il est
capable de manier avec dextérité : la diplomatie. Les autres membres de la CNC sont aussi des candidats favorables à la réconciliation mais entendent utiliser comme armes, en vue du changement, les manifestations, conformément aux article 11 et 13 de la Constitution ivoirienne. Si Ernest Renan en Sorbonne en 1882 donne une définition beaucoup plus spirituelle, idéologique du mot Nation, en affirmant qu’elle est une âme, un principe spirituel, nous la voulons en Côte d’Ivoire plus concrète, en rapport avec notre vie publique. Nous définirions, par conséquent, au sein de la CNC, la Nation ivoirienne comme une construction politique, capable de garantir la cohésion sociale et de faire respecter l’autorité de l’État. L’État se définissant comme une personne morale souveraine qui impose des normes, organise la société, conformément aux textes dictés par la Constitution, il est dit, à dessein, que l’État demeure et les individus partent. Au sein de la CNC, où nous retrouvons « les embryons d’une Nation » (de l’État), il serait donc indispensable de jeter les bases d’une organisation politique légitime capable de fonctionner au-delà de la propagande, et des discours idéologiques de chaque candidat à la présidentielle de 2015. Pour ce faire, il nous faudrait concéder au peuple (aux militants) son pouvoir souverain pour éviter les pièges de la ploutocratie et de l’oligarchie qui décident du destin du peuple sans le peuple. Au vu de toutes les capacités destructrices du ploutocrate Dramane Ouattara, et surtout de l’attitude peu élogieuse de l’oligarque Affi N’Guessan capable, sans sourciller, de faire jeter en prison ses camarades du FPI, il ne sied pas, par prudence, que soit porté à la tête de cette structure un candidat, qui représenterait toute la coalition, mais plutôt un collège de candidats, afin que toutes les décisions politiques soient prises de manière collégiale. Les différents candidats devraient se rassembler sous leur bannière idéologique. Banny, Essy Amara, KKB et tous les candidats issus du PDCI-RDA d’Houphouët Boigny s’affronteraient loyalement, démocratiquement, au sein de la CNC, afin que soit désigné par tous les militants de la CNC, durant ces primaires, le candidat capable de représenter les aspirations de tous ceux qui partagent l’idéologie de leur parti d’origine et le véritable changement dans notre pays. Il en serait de même de tous les partis de gauche d’une part, et ceux du centre, d’autre part. Nous aurions ainsi à la tête de la CNC trois candidats à la présidentielle de 2015 qui tout en proposant leur programme politique aux Ivoiriens affronteraient le candidat légitime du RHDP (non Ouattara qui est inéligible donc illégitime et soutenu par son oligarchie armée). La CNC, qui est, en définitive, une Charte des partis politiques et des candidats à l’élection présidentielle de 2015 pourrait être combattue par le ministère de l’Intérieur ivoirien. Grâce aux primaires qui donneraient une certaine légitimité aux différents candidats présidentiables, selon la Constitution ivoirienne, elle pourrait survivre aux émotions de Dramane même si elle ne reçoit pas l’agrément du régime ploutocrate et oligarque d’Abidjan.

Une contribution par Isaac Pierre Bangoret (Écrivain)