Rebondissement - Guerre des clans au Pdci: Bédié veut négocier avec KKB. Ce dernier dit NON et crache du feu "On ne peut pas faire son temps et le temps des autres"

Par IVOIREBUSINESS - Bédié veut négocier. KKB dit NON et maintient sa candidature à la présidence du Pdci.

Un rebondissement inattendu vient de se produire au sein du Pdci-Rda où la guerre des clans qui secoue le parti houphouétiste fait rage. Selon nos informations, Henri Konan Bédié, désagréablement surpris par l'ampleur de la fronde contre lui, a commencé à être habité par la lucidité et à mettre de l'eau dans son vin. Il a demandé à négocier avec Kouakou Konan Bertin dit KKB, candidat déclaré contre lui à la présidence du Pdci, et qualifié il y a peu par lui de "soldat perdu", au point qu'il refusait de le recevoir malgré ses demandes d'audience répétées.
Cette demande de négociation d'Henri Konan Bédié à KKB, comme fallait s'y attendre, a fait l'effet d'un tremblement de terre au sein Pdci et montré la perte d'influence du "Sphinx" de Daoukro, d'ailleurs rentré précipitamment de Paris il y a quelques jours, pour faire face à la fronde de 25 députés de son parti, emmenés par Yasmina Ouegnin.
Du côté de Paris et de toute l'Europe, c'est également l'hémorragie. En effet, tous les délégués du parti autour de madame Léontine Howa, déléguée générale du Pdci en France, ont dit NON à son maintien à tête du parti, lui coupant du coup toute base arrière européenne.
La réponse de KKB à la demande de négociation de son "père" Bédié ne s'est pas faite attendre. Il a immédiatement opposé une fin de non recevoir à la demande de ce dernier, et a réaffirmé sa candidature à la présidence du parti, candidature qu'il juge désormais irréversible.
Konan Bédié a donc décidé de s'attacher les services d'un médiateur, puisque le fils KKB ne veut pas de dialogue direct. Il a selon nos sources choisi un médiateur en la personne du doyen Camille Alliali pour ramener KKB à la raison, et laver le linge sale en famille.
L'ancien ministre d'Etat d'Houphouët Boigny, qui jouit d'une très grande influence et d'un grand prestige au Pdci, prend sa mission très au sérieux et aurait déjà pris langue avec KKB pour une rencontre avec Bédié qui pourrait se tenir à son domicile ou dans son village natal de Kankro. Mais encore faut-il que KKB accepte le principe, le contenu, et les modalités d'une telle rencontre. Au moment où nous mettons sous presse, c'est toujours le NON du côté de KKB, surtout s'il s'agit de renoncer à sa candidature à la présidence du Pdci.
Il l'a encore reaffirmé hier à Lakota où il était en déplacement chez ses parents maternels. A l'endroit de sa défunte mère, il a déclaré: "Je suis venu ce matin saluer la famille, prendre des souvenirs de ma mère qui a tant souffert pour moi. Qui, si elle était en vie, serait fière de moi".
Et de dire sa pitié pour tous les détracteurs au sein du parti qui l'accusent de ne pas être Baoulé: "J’ai pitié pour ses gens qui disent que je ne suis pas Baoulé mais Dida. Est-ce que chacun choisit le ventre d’une femme où il veut rester ? Moi, je n’ai pas choisi Koffi Kouadio Mathieu qui a quitté Bocanda pour venir prendre Dago Delphine. Elle m’a mise au monde et je suis fier d’être Baoulé et fier d’être Dida. Je demande à chacun d’être fier de ses origines. Le Dida de Lakota fait frontière avec les Bété de Gagnoa et c’est là-bas que mon père est mort. Dans quelques semaines, j’irai à Obodroupa. Je suis aussi Bété. Je suis serein parce que je ne crains rien et je suis convaincu de ce que je fais. Je le fais dans l’intérêt du parti et pourquoi pas de la Côte d’Ivoire. Quand on fait le combat d’un peuple, c’est qu’on est en mission commandée par Dieu. Je n’ai aucune crainte, j’accomplis ma mission".
Il a ensuite confirmé à ses parents maternels et aux militants du Pdci, ses intentions à briguer le poste de président du PDCI: " On dit que pour être candidat à la présidence du PDCI, il faut avoir 40 ans, j’ai dépassé les 40 ans, il faut avoir fait 10 ans au bureau politique, j’ai fait 12 ans, 12 ans au secrétariat, je suis député à l’Assemblée nationale, je suis vice-président du groupe parlementaire, il reste quoi encore ? Je suis candidat à la présidence du PDCI".
Il a profité de l'occasion pour assener ses vérités à Konan Bédié: "Dans la vie, on ne peut pas faire son temps et faire le temps des autres. Je ne suis pas de ceux qui s’opposent à son âge. Son âge ne constitue pas un problème, au contraire, je prie Dieu pour qu’il vive longtemps et il vivra longtemps. Mais en même tant, je dis qu’il y a un temps pour tout".
Voilà qui est clair comme de l'eau de roche et qui donnera à coup sûr du fil à retordre au doyen Camille Alliali, le nouveau médiateur dans la guerre entre KKB-Bédié.

Eric Lassale